Depuis deux ans, un couple d’apiculteurs de Portneuf a lancé l’idée de ne pas tondre nos pelouses durant le mois de mai pour laisser fleurir les pissenlits et aider ainsi nos abeilles avides de pollen et de nectar. Cette année ce « Défi pissenlit » a connu un succès foudroyant et a été soutenu par des dizaines de municipalités, citoyens et entreprises (dont le Spa Eastman, lire Le pissenlit : cette plante détestée des citadins aux multiples propriétés.) Toute une révolution dans l’entretien des pelouses et un grand pas en avant pour protéger nos pollinisateurs !
Avec les pluies printanières abondantes, les pelouses ont vraiment poussé très hautes et ce fut un peu difficile de revenir « à la normale » à la fin mai. La tondeuse ne passait plus et l’herbicyclage était exclu après 4 semaines sans tonte, car les déchets de coupe étaient trop importants. Par ailleurs, les pissenlits disparaissent lorsque le gazon devient trop haut et ils fleurissent abondamment pendant seulement 2 semaines.
Il y aurait donc lieu de faire quelques ajustements dans le futur, par exemple : ne pas tonde pendant le pic de floraison, quelle que soit la région où on habite.
Encore trop de pelouses parfaites
Néanmoins, ce défi a marqué un virage dans les attentes envers nos pelouses. Plusieurs municipalités en ont profité pour arrêter de tondre durant tout l’été dans des espaces où personne ne marche ou ne s’assoie, comme le long des pistes cyclables, ou les endroits difficiles d’accès. Chez les particuliers, on a enfin pris conscience que les pissenlits ont un rôle positif à jouer dans l’environnement et qu’il faut les accepter.
Mais les pollinisateurs ont besoin de nourriture tout au long de l’été ! Les pelouses occupent beaucoup d’espace dans nos aménagements paysagers et il y a des petites fleurs qui peuvent tolérer une coupe régulière. Malheureusement les gazons sont encore trop souvent traités aux herbicides sélectifs qui détruisent la moindre fleur qui oserait se pointer ! Le code de gestion des pesticides du Québec, qui est entré en vigueur en 2003, n’interdit que 20 pesticides (ingrédients actifs) et uniquement sur les pelouses. De plus, les professionnels ont encore le droit d’utiliser des herbicides sélectifs. C’est pourquoi on voit encore tant de pelouses « parfaites ».

1. Semer des fleurs
Vous pouvez encourager le mouvement en semant du trèfle blanc et même d’autres espèces qui supportent une coupe régulière comme les violettes, les bugles rampantes, les fraises sauvages, les potentilles, etc. La plupart de ces plantes sont comestibles et parfois même médicinales. Par exemple, on peut manger les feuilles et les fleurs de trèfle, de même que les violettes et que dire des fraises sauvages !
2. Le gazon en plaque « biodiversité »
La tendance est telle qu’une grande compagnie québécoise propose actuellement du gazon en plaque avec de la biodiversité depuis quelques années. Composé de diverses espèces comme les graminées à gazon, plantes fourragères, couvre-sols, fleurs sauvages et autres plantes indigènes. Il augmente ainsi la biodiversité et est idéal pour renaturaliser un terrain, en améliorer sa valeur écologique et favoriser une diversité d’insectes et d’animaux.
3. Arrêter d’utiliser des herbicides
Par le simple geste d’arrêter d’appliquer des herbicides sélectifs, la biodiversité va reprendre ses droits et vous verrez apparaître toutes sortes de petites fleurs au cours de l’été.
Par ailleurs, saviez-vous qu’il y a environ 860 sortes d’abeilles indigènes au Canada et qu’elles sont beaucoup plus résistantes aux maladies que les abeilles domestiques ? Et puis il y a les papillons et bien d’autres insectes qui aimeraient venir rendre service chez vous si vous laissez la biodiversité reprendre ses droits.
Apprenez comment améliorer l’aspect de votre pelouse tout en la rendant plus invitante pour les pollinisateurs et pas seulement pour les abeilles domestiques.
Pensez-vous que votre pelouse aurait mauvaise mine sans traitements professionnels ?
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Edith Smeesters, biologiste, a donné d’innombrables conférences et formations sur le jardinage écologique et elle a écrit plusieurs livres à ce sujet depuis 20 ans. Le dernier intitulé : « Guide du jardinage écologique » (Broquet, 2013) résume ses 40 ans d’expérience. Elle a été une personne clé dans la création d’un code de gestion des pesticides au Québec en 2003 et elle a reçu plusieurs prix pour son implication en environnement.
Lili Michaud est agronome urbaine. Reconnue pour son professionnalisme, son objectivité et ses qualités de vulgarisatrice, elle possède une solide expertise concernant les pratiques écologiques urbaines et la culture des plantes comestibles. Depuis 26 ans, elle transmet sa passion à travers la présentation de conférences et l’écriture. D’ailleurs, son septième livre verra le jour à l’automne. Il traitera de germinations et de pousses.