Le vendredi 11 novembre débutait le grand week-end de conférences en compagnie de Matthieu Ricard et Henry Mintzberg. J’ai eu le privilège d’être de la partie pour un délicieux 24 heures. Après mon départ, Ciel Moody, massothérapeute, a pris la relève en croquant quelques photos supplémentaires et en retenant pour vous quelques citations tirées des échanges entre ces deux hommes d’exception.
Dès mon retour, une amie m’a demandé « Et puis? C’était comment être à côté de Matthieu Ricard? ».
C’était comment? Sain. Reposant. Sans fard. Et surtout pas glamour. L’homme était là, présent et totalement disponible à l’instant. Et cela se ressentait en chacun de ses gestes.
Je dois vous dire que je n’ai été « à côté » de Matthieu Ricard qu’à la salle à manger, au buffet. Nous avons dû échanger un ou deux coups de coudes en nous servant des salades. Et quelques sourires. Vrais.
J’avais apporté mon livre « L’art de la Méditation » avec l’intention de lui faire signer et je ne l’ai pas fait. J’avais pensé me faire prendre en photo avec lui pour vous partager la photo ici et je ne l’ai pas fait. Mon livre n’aurait pas été meilleur ou plus important avec sa signature. Et je me souviendrai toujours de ce moment, même si je n’ai pas de photo à montrer.
Même sans signature et sans photo souvenir, Matthieu Ricard a laissé une trace bien précieuse dans mon paysage, un souvenir encore bien plus significatif pour moi que le sourire gaga que je n’aurais pas su taire sur la photo.
Photo et signature
Le vendredi soir, en salle à manger, Matthieu Ricard était assis au beau milieu d’une grande table d’honneur rassemblant les organisateurs et patrons d’honneur. Le samedi matin, la table d’honneur était évidemment toujours en place. Et bien vous savez quoi? En entrant en salle à manger, Matthieu Ricard a regardé la grande table… et est allé s’assoir à une autre table avec quelques participantes du week-end. Voilà la photo de Matthieu Ricard qui s’est imprimée dans ma mémoire.
Et samedi matin, plutôt que de garder le contrôle sur son contenu en étirant sa conférence jusqu’à la dernière minute, il s’est arrêté une bonne vingtaine de minutes plus tôt « parce que je pourrais bien continuer de parler mais j’ai encore plus envie d’échanger avec vous ». Et il a invité les participants à échanger, discuter, partager leurs impressions sur ce qu’il venait de dire. Wow! Cette générosité, cette présence si totale à l’instant et aux gens… Voilà une bien plus inspirante signature je pense…
Voici quelques photos et quelques citations cueillies pendant le week-end.
Extraits tirés de la conférence de Matthieu Ricard, vendredi soir :
« Si vous voulez un beau parterre fleuri, il ne suffit pas d’avoir juste beaucoup de fleurs. Chacune doit être belle, saine, pour que l’ensemble soit harmonieux. De même, la saveur d’une société vient de l’ensemble de ses individus. »
« Un week-end dédié à cultiver la jalousie (même si on garantissait une augmentation de la jalousie, disons de 25 %!), ne serait pas très attirant. Mais si on fait le contraire, cultiver l’amour altruiste et la paix intérieure pendant un week-end, c’est pas mal plus inspirant…»
« De même que nous pouvons cultiver des pensées de haine, il est possible de nourrir des pensées de bienveillance. »
« La méditation est un processus, un apprentissage. Quand on apprend à naviguer, on n’y va pas en tempête. Si on apprivoise la mer dans le calme, par la suite, on peut envisager naviguer par gros temps. »
« Redonnons ses lettres de noblesse à la méditation, à la culture de l’esprit, au-delà du bouddhisme ou d’autres religions. »
Extraits de la conférence de Matthieu Ricard : « Altruisme et compassion : luxe ou nécessité? »
« Nous pouvons reconnaître que tous les autres aspirent aussi au bonheur… même s’ils sont maladroits dans leur quête du bonheur. »
« Empathie : savoir se mettre à la place de l’autre; comme si on marchait dans ses souliers. »
Citant Kafka: « La guerre est un fabuleux manque d’imagination ».
« Dans le bouddhisme, le pardon n’est pas de tout excuser; c’est de briser le cycle de la haine. »
« Compassion : lorsque l’amour altruiste est présent. Ce n’est pas de la pitié. C’est plutôt : puisse l’homme être libéré de ses souffrances.»
« Altruisme : la pensée initiale doit être de faire du bien à l’autre. »
« L’altruisme véritable, potentiel, est en nous. Et nous avons le potentiel de cultiver ce potentiel! »
Pendant la période d’échange avec les participants, Matthieu Ricard répond à une question à propos de l’égoïsme : « Le fait de se vouloir du bien n’est pas de l’égoïsme; accorder de la valeur à la capacité d’être heureux, ce n’est pas de l’égoïsme; mais si vous instrumentalisez les autres pour promouvoir vos intérêts, cela devient de l’égoïsme ».
Pendant cette entrevue avec Karl Moore :
Matthieu Ricard :
« Be the living example of what you want to see » (traduction libre : « Soyez un exemple vivant de ce que vous voulez voir »)
« Greed is like drinking salt water. The more you drink, the thirstier you are » (trad. libre : « L’avidité, c’est comme boire de l’eau salée; plus on en boit, plus on a soif »)
Matthieu Ricard, répondant à une question concernant la façon d’éduquer les enfants pour qu’ils deviennent de bon leaders, cite Confucius : « I hear and I forget.I see and I remember.I do and I understand » (trad. libre : « J’entends et j’oublie. Je vois et je me souviens. Je fais et je comprends »)
Phrases chocs tirées de la conférence « Rebalancing Society: From Smith and Marx to Altruism and Compassion » avec Henry Mintzberg, titulaire de la Chaire Cleghorn en gestion de la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill
« Market minus community equals mercenary ».
« Green retail will not fix greedy drilling ».
« If we’re always looking for who’s in charge, we’re in trouble… »
Ce week-end d’exception en compagnie de Matthieu Ricard et Henry Mintzberg, rendu possible grâce à la collaboration de EFB Inspiration, a permis de remettre plus de 46 000 $ à la Fondation Karuna-Shechen.
L’expérience a été inspirante pour tous, autant les participants que les organisateurs et, espérons-le, pour nos deux conférenciers d’exception!
Lucie
avec la complicité de Ciel Moody