Atelier d’écriture du week-end du 31 octobre
Par moments, le feu est si chaud entre deux êtres, qu’il asphyxie les mots, ne laissant brûler que le souffle et les doigts.
Le ressenti nous confirme que nous sommes vivants. Le quotidien de bien des humains est si plein que l’espace accordé à l’écoute de cette flamme intérieure se restreint, parfois même le feu s’éteint. Est-ce alors possible de le ranimer? Souvent, sous la cendre, se trouvent d’ardents tisons qu’il suffit d’alimenter pour revoir la flamme se déployer. Ce feu intérieur est si important qu’il est vital. On le garde vivant en le nourrissant de ce que nous aimons de la vie. Pour un, c’est le jardinage, pour l’autre, c’est la pêche, pour chacun il y a une source vive qu’il suffit le laisser émerger.
Le ressenti
L’écriture est l’une de ces flammes. Elle crée une voie, une voix, permettant au feu sacré de se manifester. Pour moi, elle est même un rite pour l’honorer. L’Amour est feu sacré qui réchauffe, réconforte, apaise, purifie. Et la passion, feu sacré à son apogée, donne vie aux plus grandes réalisations humaines. Aussi, les mots sont puissants, on le sait. Quand on aime, on peut se servir d’eux pour l’exprimer. Or, l’exprimer par l’écriture est un bien grand geste de création puisque, par l’écriture, les mots ont le potentiel d’être immortalisés. L’écriture rend quasi éternelle l’histoire de chaque flamme sacrée manifestée.
L’écriture a immortalisé de nombreuses sociétés anciennes jusqu’à nos jours. Et quand la guerre s’est manifestée dans ces sociétés, les bibliothèques devenaient des cibles de choix, sachant que si l’on détruisait la connaissance imprimée, c’est un grand mal qui était infligé au peuple visé. On n’a qu’à penser à la destruction de la gigantesque bibliothèque d’Alexandrie il y a très longtemps. Paradoxalement, nos trésors sur papier disparaissent le plus souvent par le feu. Un feu qui n’est pas sacré.
L’écriture en héritage
Sans aspirer à écrire pour être publié, on peut tout de même écrire pour immortaliser. Notre passage, avec ses beautés, vaut cette l’immortalité.
Imaginez qu’au cours de votre vie vous ayez un cahier destiné à quelqu’un que vous aimez et que vous écriviez de temps en temps dedans, ne serait-ce que trois ou quatre fois par année, et ce, pendant le reste de votre vie. Pourquoi pas un cahier pour chaque être significatif? La personne qui héritera de ce trésor sera touchée, profondément… son âme vibrera d’amour, c’est certain.
Nul besoin d’être un grand auteur pour accéder à l’immortalité. Les simples événements de la vie, les bons moments passés avec l’être cher deviennent de délicieux souvenirs. Il suffit de raconter :
« Cher Toi, nous venons de passer l’après-midi ensemble.
Nous avons mangé au café Pierre Jean Jase avant d’aller au cinéma voir le film UnTel. Tu portais ta belle chemise bleue comme tes yeux (…) ».
Le ressenti est le courant qui traverse chaque humain conscient d’être vivant. Je le compare à une rivière. Elle est tantôt calme et invitante comme en plein été, tantôt forte et effrayante comme aux grandes crues du printemps. Et qu’arrive-t-il quand notre rivière devient affolée ? Elle nous fait peur. Quel est alors le réflexe premier de la plupart ? Arrêter le courant de cette rivière enragée. Le problème, c’est que plusieurs humains ont cette faculté : arrêter de ressentir. Ils se croient alors en sécurité… le danger étant sous contrôle. Qu’arrive-t-il quand on empêche une rivière de couler? L’eau ne s’arrête pas pour autant. Son parcours devient soit amplifié, générant des chutes, des rapides ou des remous ou encore, la rivière sortira de son lit pour se frayer un chemin là où n’était pas prévu son destin.
Pour ma part, ayant eu de nombreuses expériences difficiles, dès mon plus jeune âge, j’ai contacté l’intensité de ma rivière. J’ai réussi, jusqu’à maintenant, à la maintenir dans son lit, parce que j’ai choisi l’écriture pour canaliser son énergie. Quand c’est tellement intense qu’on n’arrive pas à le nommer, reste l’écriture pour en parler. Et quand la vie va si vite qu’on ne trouve pas le temps de s’arrêter pour l’écrire, reste un atelier pour se l’accorder.
Depuis 2007 que je partage mon feu sacré avec quiconque souhaite contacter son essence par l’écriture. Je donne des ateliers d’écriture sensorielle, écriture du ressenti. Elsa Triolet a dit: « L’écriture, c’est comme les palpitations du coeur, cela se produit. » À cela j’ajouterais que le coeur, c’est la source même du ressenti qui nous lie à la Vie.
Guylaine
Note : Le prochain atelier d’écriture proposé par Guylaine Cliche aura lieu du 31 octobre au 2 novembre 2014. Forfait de 2 nuits, 6 repas inclus, tous les ateliers de Guylaine et accès à l’ensemble du site et des activités : à partir de 467 $ par personne en occupation double, chambre économique.