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Art de vivre

Stress et ménopause ne font pas bon ménage

Le cortisol, l’une des principales hormones de stress, représente un allié indispensable à notre survie, toutefois, lorsque sécrété en continu, il s’avère un saboteur d’équilibre hormonal sans pitié!

Lorsque nous abordons l’univers hormonal, nous devons considérer une variété d’intervenants : les hormones thyroïdiennes, les estrogènes, la progestérone, la testostérone (oui la femme en a bien besoin!), l’insuline, la mélatonine, mais aussi le cortisol!

À propos de l’auteur

Véronique Bourbeau, ND. A

Véronique Bourbeau est naturopathe agréée et herboriste clinicienne diplômée. Elle cumule plus de 25 ans d’études, d’enseignement et de service comme consultante en santé globale.

Convaincue que la valeur, la pertinence et l’efficacité de ses interventions réside dans sa compréhension de la physiologie humaine elle offre un service d’éducation à la santé très apprécié. Persuadée que la richesse émerge de l’union des forces, elle œuvre activement pour la mise en place d’une approche plus intégrative de la santé au Québec.

L’hormone du stress sécrétée automatiquement

Le cortisol est automatiquement sécrété lorsque nous faisons face à un « stresseur. » Comment définir ce dernier? Tout ce qui demande une adaptation physique, mentale, psychologique, émotionnelle, immunitaire ou métabolique et tous les éléments qui amènent le corps à devoir s’adapter à une nouvelle réalité entrainent une demande de sécrétion en cortisol. Des exemples? La maladie, une diète appauvrie en nutriment, un manque de socialisation, le décès d’un être proche, les fluctuations glycémiques, pratiquer intensément un sport, le manque de sommeil. Sans oublier : vivre un changement hormonal… comme lors de la périménopause. En effet, les grandes fluctuations hormonales qui caractérisent cette période sollicitent beaucoup d’adaptabilité. Celles qui traversent la périménopause peuvent en témoigner.

Les hormones, une communauté tissée serrée

Les hormones travaillent ensemble et forment une communauté tissée serrée. Elles sont indissociables les unes des autres. Le corps étant un système fermé, une dérégulation d’une hormone provoque invariablement une répercussion sur une autre hormone. Un effet domino s’enclenche automatiquement. Nos hormones s’opposent parfois, s’entraident souvent, mais s’autorégulent toujours. On ne peut donc pas aborder la santé hormonale en ne regardant qu’avec une lunette « myopique. » Il faut développer une vision large! Si l’on veut tendre vers un réel et permanent équilibre hormonal, il ne suffit pas d’ajouter de l’estrogène et de la progestérone à sa dosette. La pyramide du succès hormonal est plus complexe que cela! Comme nous le verrons, le mode de vie est le terreau à partir duquel peut émerger l’équilibre ou le déséquilibre hormonal.

Dosage et ratio

Dans le jargon hormonal existent 2 grands déterminants : le dosage et le ratio. Il faut de tout, en dose adéquate pour optimiser les activités cellulaires, mais aussi, il faut respecter un certain ratio entre les différentes hormones sans quoi une cascade de déséquilibre menacera la stabilité et le bien-être. Ceci est tout à fait approprié lorsqu’on aborde le facteur stress. Le cortisol, sécrété chroniquement, est un joueur impitoyable, il anéantit les autres hormones et remporte toujours la partie. Malheureusement, il induit des dommages. Cela débute souvent par des inconforts digestifs passagers, ensuite on peine à trouver le calme intérieur et une stabilité émotionnelle, le sommeil est affecté, la concentration décline ainsi que la mémoire, une hausse de poids s’installe autour de la taille, la libido disparait sous le tapis… Le constat : vivre sous tension finit par endommager… tout.

L’équilibre hormonale délaissée au profit de la survie

Pour bien comprendre, il faut revenir à des notions de base. Le cerveau humain répond à 2 programmes existentiels : survivre et reproduire l’espèce. La survie aura toujours préséance sur l’équilibre hormonal essentiel à la reproduction de l’espèce. Ceci signifie que sous stress (aka sous cortisol chronique), l’organisme priorisera ce qui est obligatoire aux besoins immédiats du corps et délaissera les systèmes requis pour la réparation des tissus, la digestion, la santé immunitaire et la sphère reproductive (aka équilibre hormonal).

À retenir : l’incompatibilité entre la ménopause et une vie de stress. Vivre constamment en mode survie ne permettra jamais l’atteinte d’un réel équilibre hormonal.

Les glandes surrénales doivent être en santé

Pour traverser le plus harmonieusement possible cette période de changement, il faut compter sur des glandes surrénales tonifiées… et non épuisées. Pourquoi? C’est parce que le cortisol, issu de ces glandes, affecte la disponibilité d’une précieuse hormone nommée DHEA (dihydroépiandrostérone). Or, la DHEA représente LA bouée de sauvetage sur laquelle s’y fier pour traverser la périménopause entre le mur et la peinture. En effet, la DHEA est une hormone dite réservoir, signifiant qu’elle permet la création d’autres hormones lorsque les ovaires sont en perte de vitesse. Elle remplit donc une fonction de relais hormonal permettant d’atténuer les fluctuations de celles-ci… et les symptômes apparentés. Lorsque le corps se trouve confronté à un facteur de stress, le cerveau sollicite les glandes surrénales, lesquelles produiront le cortisol… mais aussi la DHEA. Ceci signifie qu’une vie de stress (cortisol) finira par épuiser notre indispensable bouée de sauvetage. Yoyo hormonal droit devant! À propos, lorsque nous sommes accablées par une multitude de symptômes lors de la périménopause, le premier endroit où porter son attention et apporter ses soins, est sans équivoque, les glandes surrénales.

Mise à part la DHEA, la testostérone, l’estradiol, la progestérone, l’insuline et la fonction thyroïdienne représentent tous des cibles hypothéquées par l’excès soutenu en cortisol. Par exemple, le cortisol et la progestérone entrent en compétition pour occuper les mêmes récepteurs à la surface des cellules. Or le cortisol gagne toujours et empêche la progestérone de délivrer son message et apporter sa bienveillance. Le cortisol hausse la glycémie, ce qui affectera l’insuline et haussera conséquemment le tour de taille. Le cortisol inhibe la testostérone. Or la testostérone assure un mental d’acier! Le cortisol bloque également les fonctions thyroïdiennes de A à Z : de leur création, à leur transport dans le sang, en passant par leur activation et leur élimination! Ceci est l’une des raisons qui lient le stress chronique à la fatigue chronique et le brouillard mental.

Dominance estrogénique ne rime pas avec équilibre hormonal

Le cortisol renforce aussi la dominance estrogénique, soit un concept fréquemment rencontré lors de périménopause. C’est au médecin américain John Lee que nous devons ce terme. Il observa que le ratio entre les estrogènes et la progestérone était inadéquat chez la majorité des femmes lors de cette période. La dominance en estrogène ne signifie pas un excès en estrogènes, mais bien un déséquilibre dans le rapport entre ces derniers et la progestérone. La dominance estrogénique se cache sous un large éventail de symptômes communs tels que l’anxiété, l’irritabilité, la rétention d’eau, la compaction du tissu mammaire, le ballonnement, les fibromes, l’insomnie, le flot menstruel abondant et les cycles plus courts, entre autres. La dominance estrogénique est renforcie par le cortisol chronique, à différents niveaux. D’abord, le cortisol empêche la progestérone d’entrer dans l’arène pour faire une certaine opposition aux estrogènes. Ces derniers ont alors le champ libre pour influencer le métabolisme à leur guise. Le cortisol favorise également la prise de poids abdominal. En effet, les cellules adipeuses (grasses) situées sur l’abdomen présentent 4 fois plus de récepteurs à cortisol que toutes autres cellules adipeuses du corps! Donc, plus de cortisol se traduit par une stimulation des cellules abdominales qui, à leur tour, activent une précieuse enzyme nommée aromatase. L’aromatase permet la synthèse d’estrogènes. Eh oui, le tissu adipeux abdominal est un organe producteur d’hormones féminines. Ceci est la raison principale qui explique la prise de poids lors de la périménopause, en assurant, ici aussi, un certain relais hormonal. Mais trop, ce n’est comme pas assez! Le cortisol représente l’huile sur le feu : il favorise la multiplication des cellules adipeuses qui à leur tour hausseront la production d’estrogènes, ce qui se traduira par une dominance estrogénique encore plus affirmée. Dominance estrogénique ne rime pas avec équilibre hormonal! Le stress agit ainsi comme amplificateur de symptômes.

La clé ? Un mode de vie sain.

En définitive, le cortisol doit demeurer dans ses quartiers! Intervenir lors de stress majeur, mais ne pas être sollicité ad nauseum! Pour maintenir un équilibre hormonal, le stress doit être une crise de courte durée. Sans quoi, la facture est trop chèrement payée, particulièrement lors de périménopause. À préciser : la prise d’hormones exogènes (aka estrogel et prométrium) ne règlera pas ce type de déséquilibre. La clef se cache donc dans le mode de vie!

Pour atténuer les impacts du stress chronique (cortisol), multiples options sont à considérer :
  • La vitamine C améliore le profil en accélérant l’élimination du cortisol suite d’un stress;
  • Le magnésium agit à titre de cofacteur pour assurer la synthèse et libération du gaba, soit un neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux. Le gaba favorise la zénitude et le calme intérieur;
  • Les acides gras oméga-3 réduisent légèrement la libération de cortisol influencée par le stress mental. Ils agissent en réduisant la libération de la commande cérébrale (CRH/ACTH) dont la fonction est de stimuler les glandes surrénales à produire le cortisol. Les omégas-6 tiennent un rôle inverse;
  • Tout ce qui contribue à l’état de relaxation : yoga, méditation, musicothérapie, massage;
  • Les activités plaisantes comme le rire et la danse réduisent les niveaux de cortisol (1, 2);
  • Un supplément de phosphatidylsérine interagit positivement sur les récepteurs à cortisol de l’hypothalamus et en assure la protection. Ce type de phospholipides accélère la réparation des dommages cérébraux induits par une surexposition au stress (3,4);
  • Les plantes adaptogènes assistent les glandes surrénales dans leur réponse au stress. Ces plantes permettent au corps de répondre de façon équilibrée, pas plus que requis et ménagent ainsi nos surrénales. L’ashwagandha, le rhodiola, l’éleuthérocoque, le schisandra, le ginseng américain et asiatique en sont des exemples (5);
  • Le meilleur antidote demeure l’activité physique, pratiquée de façon régulière, à intensité moyenne, à raison de 30 minutes, cinq jours par semaine.

Pour être autonome en matière de santé hormonale

Pour atteindre la plénitude hormonale, c’est tout d’abord le mode de vie qu’il faut analyser. À défaut d’adresser, en priorité, nos facteurs de stress, rien ne s’équilibrera définitivement en vous. Pour en connaitre davantage sur l’univers hormonal, le séminaire Équilibre hormonal féminin et votre santé, de la compréhension à l’action. Mode d’emploi offert 2 fois par année au Spa Eastman vous donne accès à 30 heures de formation axée sur les solutions. Animé par moi-même et Dre Lyne Désautels, vous développerez votre autonomie en matière de santé hormonale. Venez relever le défi de l’autogestion! La formule est unique et avant-gardiste : une parfaite combinaison entre le savoir médical actuel et la science naturopathique. Un partenariat gagnant, unissant nos 25 ans de métier respectif!

Retraite à venir

Équilibre hormonal féminin et votre santé: mode d’emploi! 

Du 5 au 10 septembre 2023 et 2 au 7 juin 2024, animée par Dre Lyne Désautels et Véronique Bourbeau, ND.A

25 ans de médecine et 25 ans de naturopathie s’unissent pour parler de santé hormonale et vous guider vers votre équilibre! De la compréhension à l’action.

Références :

  1. Berk LS, Tan SA, Berk D (2008). « Cortisol and Catecholamine stress hormone decrease is associated with the behavior of perceptual anticipation of mirthful laughter ». The FASEB Journal. 22 (1): 946.11.
  2. Quiroga MC, Bongard S, Kreutz G (July 2009). « Emotional and Neurohumoral Responses to Dancing Tango Argentino: The Effects of Music and Partner ». Music and Medicine. 1 (1): 14–21. 
  3. Hellhammer J, Fries E, Buss C, Engert V, Tuch A, Rutenberg D, Hellhammer D (June 2004). « Effects of soy lecithin phosphatidic acid and phosphatidylserine complex (PAS) on the endocrine and psychological responses to mental stress ». Stress. 7 (2): 119–26. 
  4. Starks MA, Starks SL, Kingsley M, Purpura M, Jäger R (July 2008). « The effects of phosphatidylserine on endocrine response to moderate intensity exercise ». Journal of the International Society of Sports Nutrition. 5: 11. 
  5. Chandrasekhar K, Kapoor J, Anishetty S (July 2012). « A prospective, randomized double-blind, placebo-controlled study of safety and efficacy of a high-concentration full-spectrum extract of ashwagandha root in reducing stress and anxiety in adults »